L’INSTITUTION RENVERSÉE – FOLIE, ANALYSE INSTITUTIONNELLE ET CHAMP SOCIAL
Revue Esprit, octobre 2018
Que faire des institutions ? Entre la dénonciation de l’individualisme et la critique du caractère opprimant des structures sociales, la pensée critique, au rouet, paraît buter sempiternellement sur la même question. Dans ce petit livre érudit et clair, V. Schaepelynck, maître de conférences à Paris 8, entend faire le point sur un paradigme qui a évolué comme « passager clandestin » parmi les grandes théories critiques post-68 : l’analyse institutionnelle. Se gardant de toute hagiographie, il en démonte patiemment les différentes versions, tendanciellement contradictoires, entre psychiatrie hétérodoxe, pédagogie alternative, sociologie critique et post-marxisme. Surtout, l’intérêt de l’ouvrage est de ne pas se limiter à une simple (et déjà utile) histoire des idées contemporaines, mais de mener une tentative proprement philosophique d’élucidation du concept. Pour ce faire, l’étude se focalise sur deux grandes figures du mouvement, Félix Guattari et Georges Lapassade, dont les trajectoires complexes sont étudiées dans leurs oppositions mais aussi, finalement, leurs complémentarités. De sorte que c’est sur la promesse de « nouvelles alliances » qu’il se conclut, dessinant un avenir plein de promesses à la pensée des institutions.
Thomas Boccon-Gibod
Valentin Schaepelynck, L’institution renversée – Folie, analyse institutionnelle et champ social, éditions Eterotopia France, collection Parcours, 2018 (128 pages, 14,50 euros).
