Karl Marx, Michael Löwy, Pier Paolo Poggio, Maximilien Rubel
LE DERNIER MARX, COMMUNISME EN DEVENIR
Rayon : Philosophie
ISBN: 979-10-93250-29-8
Prix : 12,00 euros
Pages : 80
Parution : 11 octobre 2018
L’ouvrage : Dans les années 1881-1882, Marx développe un intérêt particulier pour les sociétés pré-capitalistes (parmi lesquelles notamment les communautés rurales russes) ainsi que pour des pays comme l’Égypte, l’Algérie ou l’Inde, où s’engagent alors des luttes contre la domination capitaliste.
On fait souvent de Marx le principal connaisseur, et théoricien, du prolétariat d’usine. Cette assertion, sans doute légitime, mérite pourtant d’être précisée, car l’étude des communautés paysannes constitue également une partie très importante de son œuvre, et elle la traverse en quelque sorte dans son intégralité – jusqu’aux célèbres propos, décisifs et bouleversants, qu’il tiendra sur la Russie.
De telles réflexions sont développées dans une lettre à Véra Zassoulitch, figure éminente du populisme révolutionnaire, et surtout dans les nombreuses versions préparatoires de celle-ci. Maximilien Rubel verra dans ces manuscrits le véritable « testament politique » de Marx. On y trouve un refus de l’idée, partagée par la majorité des marxistes russes et calquée sur un modèle occidental, selon laquelle il s’agit d’en passer par un développement du capitalisme en Russie. En rejetant la conception évolutionniste et linéaire du « progrès », Marx s’intéresse à une forme sociale « archaïque » – mot par lequel, à son avis, « il ne faut pas trop se laisser effrayer ». Le socialisme de l’avenir en représenterait une manifestation supérieure, qui y mêle certains acquis de la modernité.
Marx reprend des analyses présentes dans les Grundrisse, et notamment dans les cahiers publiés sous le titre de Formen, die der kapitalistischen Produktion vorhergehen, axés sur les différentes formes communautaires qui précèdent le surgissement du mode de production capitaliste. Un ensemble composite de « communautés naturelles » où la forme sociale dominante, la commune, « n’apparaît pas comme résultat mais comme présupposé de l’appropriation (temporaire) et de l’utilisation collective du sol ».
Les auteurs :
Michael Löwy est un sociologue, philosophe marxiste et écosocialiste franco-brésilien. Il enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Auteur d’ouvrages sur Marx, Lukács, Walter Benjamin et Franz Kafka. Parmi ses publications : La Pensée de « Che » Guevara, Paris, Maspero, 1970 ; Marxisme et romantisme révolutionnaire, Paris, Sycomore, 1979 ; Walter Benjamin : avertissement d’incendie. Une lecture des thèses sur le concept d’histoire, Paris, Presses universitaires de France, 2001 et Écosocialisme, Paris, Mille et une nuits, 2011.
Pier Paolo Poggio est directeur scientifique de la Fondation Luigi Micheletti à Brescia (Italie) et directeur du Musée de l’Industrie et du Travail « Eugenio Battisti » à Brescia (Italie). Parmi ses publications : Comune contadina e rivoluzione in Russia. L’Obscina, Milan, Jaca Book, 1978 ; La crisi ecologica : origini, rimozioni, significati, Milan, Jaca Book, 2003 ; La rivoluzione russa e i contadini. Marx e il populismo rivoluzionario, Milan, Jaca Book, 2017.
Maximilien Rubel est un marxologue naturalisé français, également conseilliste. Il était un spécialiste internationalement reconnu de Karl Marx. Parmi ses publications : Pages de Karl Marx pour une éthique socialiste (1948 ; réédition Payot, 1970, en deux tomes ; réédition Payot & Rivages, 2008, sous les titres Révolution et socialisme et Sociologie critique) ; Marx critique du marxisme (recueil, Paris, Payot, 1974 ; Direction et annotation de l’édition de Karl Marx dans la Bibliothèque de la Pléiade : quatre volumes parus sur les six prévus (l’édition a été interrompue à la suite du décès de Maximilien Rubel).
Table des matières
La commune rurale russe : Marx et Engels, communistes romantiques ?
Michael Löwy
Marx, marxiste hérétique
Pier Paolo Poggio
Traduit de l’italien par Chiara Wasowski.
Marx et l’avenir social de la Russie
Maximilien Rubel
La commune rurale et les perspectives révolutionnaires en russie (1877-1881)
Karl Marx
Extrait du texte La commune rurale russe : Marx et Engels, communistes romantiques ? de Michael Löwy
L’intérêt de Marx – et, dans une moindre mesure, Engels – pour l’obchtchina, la commune rurale russe, doit être compris comme une des manifestations de leur attitude « romantique » envers les communautés primitives ou pour ce qu’ils appelleront « le communisme primitif ». Que veut dire « romantisme » ? Nous prenons comme point de référence ici une conception substantive du phénomène romantique, qui part de certaines suggestions de Marx et Engels eux-mêmes, et, plus tard, de Lukacs, Ernst Bloch, Ernst Fischer, E. P. Thompson, Raymond Williams et d’autres. Selon cette conception – que j’ai tenté, avec mon ami Robert Sayre, d’élaborer et d’illustrer ailleurs1 – le romantisme ne se limite ni à des mouvements littéraires et artistiques ni à la période du début du XIXe siècle, qui est souvent considérée comme « l’époque romantique » pendant laquelle se développaient des courants et écoles communément appelés romantiques.
Qu’est-ce que le romantisme ? Question tellement controversée que le chercheur américain A. Lovejoy a proposé que les chercheurs cessent d’utiliser ce mot : ce fut une vaine tentative de guérir la fièvre romantique en cassant son thermomètre terminologique. Si le romantisme est généralement présenté dans les dictionnaires et encyclopédies comme un mouvement littéraire et artistique du début du XIXe siècle, nous pensons au contraire qu’il s’agit d’un phénomène beaucoup plus étendu et profond qui traverse tous les domaines de la culture : littérature, poésie, arts, philosophie, politique, religion, droit, anthropologie, historiographie. Et nous sommes convaincus que l’histoire du romantisme n’est pas terminée en 1830 ou 1848 mais continue jusqu’à aujourd’hui.
Le romantisme doit être conçu comme une vision du monde – au sens du concept de Weltanschauung – dont la caractéristique quintessentielle est la protestation culturelle contre la civilisation capitaliste occidentale moderne au nom de certaines valeurs du passé. Le romantisme proteste contre la mécanisation, la rationalisation abstraite, la réification, la dissolution des liens communautaires et la quantification des rapports sociaux. Cette critique se fait au nom de valeurs sociales, morales ou culturelles prémodernes ou précapitalistes. Si le romantisme s’affirme comme une forme de sensibilité profondément empreinte de nostalgie, ce n’est pas pour autant qu’il refuse de penser ce qui fait le propre de la modernité : d’une certaine façon on peut même le considérer comme une forme d’autocritique culturelle de la modernité, qui continue, jusqu’à nos jours, à être une des principales structures-de-sensibilité2 de la culture moderne.
Bien évidemment la nébuleuse culturelle romantique est loin d’être homogène : on y trouve une pluralité de courants, depuis le romantisme conservateur ou réactionnaire qui aspire à la restauration des privilèges et hiérarchies de l’Ancien Régime, jusqu’au romantisme révolutionnaire qui intègre les conquêtes de 1789 (liberté, démocratie, égalité) et pour lequel le but n’est pas un retour en arrière mais un détour par le passé communautaire vers l’avenir utopique.
Si Rousseau est, comme nous verrons, un des premiers représentants de cette sensibilité romantique révolutionnaire, on va la trouver également chez Schiller, dans les premiers écrits républicains des romantiques allemands (Schlegel), dans les poèmes de Hölderlin, Shelley et William Blake, dans les œuvres de jeunesse de Coleridge, dans les romans de Victor Hugo, dans l’historiographie de Michelet, dans le socialisme utopique de Fourier. On le retrouve aussi dans les écrits de marxistes ou socialistes libertaires comme William Morris, Gustav Landauer, Ernst Bloch, Henri Lefebvre, Walter Benjamin. Enfin, il marque de son empreinte quelques-uns des principaux mouvements de révolte culturelle du XXe siècle comme l’expressionisme, le surréalisme et le situationnisme.
Extrait du texte Marx, marxiste hérétique de Pier Paolo Poggio
Traduit de l’italien par Chiara Wasowski.
On fait souvent de Marx le principal connaisseur, et théoricien, du prolétariat d’usine. Cette assertion sans doute légitime mérite pourtant d’être précisée car l’étude des communautés paysannes constitue également une partie très importante de son œuvre et elle la traverse en quelque sorte dans son intégralité jusqu’aux célèbres propos, décisifs et bouleversants, qu’il tiendra sur la Russie. Marx s’appuie sur une méthode à la fois historique et théorique qui associe des vérifications ponctuelles à une élaboration conceptuelle cherchant à mettre en évidence les traits essentiels des diverses époques. Ceci parce que, comme il l’expliquera à ses interlocuteurs russes, des événements remarquablement similaires peuvent trouver des issues très différentes en fonction du contexte dans lequel ils surgissent. Tout le travail de Marx procède de la volonté de reconstruire la généalogie du capital pour comprendre son développement et la manière dont il s’est emparé de la société. C’est ici que s’opère, à notre avis, un déplacement décisif, porteur de nouveautés théoriques comme de contradictions, et qui conduira Marx à remettre en question sa vision du capitalisme et de la révolution.
Marx et Engels, dans une première phase de leur parcours, qui aboutit au Manifeste du Parti communiste, plaident en faveur d’une accélération du développement du capitalisme, envisagée comme passage nécessaire et condition préalable de la révolution prolétarienne (discours porté, encore aujourd’hui, par un certain marxisme). Dans une telle perspective, Marx et Engels invoquent la disparition de toutes les formes politico-sociales qui ralentiraient le développement du mode de production capitaliste. Parmi celles-ci, ils pointent notamment du doigt les différents types de communautés rurales, vues comme le terrain par excellence du retard économique, par conséquent favorable à l’implantation de régimes despotiques. Dans une deuxième phase dont la maturation est pourtant très progressive et ne sera accomplie que dans les années 1870, les avis de Marx diffèrent sensiblement, au moment où la résistance et la lutte contre le capital deviennent des thèmes centraux. Marx paraît douter du fait que la classe ouvrière, composée par le prolétariat d’usine et issue de la généralisation du mode de production capitaliste, puisse jouer le rôle de sujet révolutionnaire et mettre ainsi un terme à la domination du capital. Une telle considération, qui ne sera pourtant jamais explicitée, découle d’ordres d’analyse différents : d’un côté, l’approfondissement de l’étude du capital, de sa manière de fonctionner et de dominer la réalité ; de l’autre, la prise en compte des changements en cours dans le scénario politique mondial, avec la crise de l’hégémonie européenne, la montée des États-Unis et les premiers signes d’une situation révolutionnaire en Russie.
L’intérêt de Marx et d’Engels pour la situation russe, qui date du début de leur activité politique, s’intensifie lors des soulèvements révolutionnaires de 1848-49 et tout au long de la période de la Neue Rheinische Zeitung. Cet intérêt restera intact par la suite bien qu’il donne lieu, chez Marx surtout, à des changements d’orientation considérables. Marx fait de la Russie la citadelle de la contre-révolution : non seulement l’empire tsariste a-t-il contenu en 1789 les forces révolutionnaires et, plus tard, les armées napoléoniennes, mais c’est également lui qui a initié la Sainte Alliance, afin de réprimer tout mouvement révolutionnaire et progressiste sur et en dehors de son territoire. Éduquée « à l’école terrible et abjecte de l’esclavage mongol », l’autocratie russe apparaît, aux yeux de Marx, comme une métamorphose de la Moscovie, dont l’expansion s’appuie sur une volonté de puissance démesurée se fixant comme fin ultime la conquête du monde entier. La modernisation despotique poursuivie par Pierre I n’avait pas touché à la nature intime de cette autocratie mais lui avait au contraire fourni davantage de force matérielle pour honorer son rôle de gardienne de la réaction en signant même, pour ce faire, une alliance inattendue avec l’Angleterre, État capitaliste par excellence. Marx et Engels analysent alors la situation historique et géopolitique contemporaine à la lumière de cette convergence entre despotisme tsariste et impérialisme anglais. Ils soulignent combien les tensions à la frontière des deux empires ne laissent subsister aucun doute quant au caractère contre-révolutionnaire et antiprogressiste de leurs politiques visant à arrêter le développement économique et social de l’Europe.
Extrait du texte Marx et l’avenir social de la Russie de Maximilien Rubel
Marx et, après lui, Engels ont eu fréquemment l’occasion de discuter avec des disciples russes les problèmes sociaux de la Russie1. Ils l’ont fait dans un esprit qui tendait à concilier les exigences théoriques de leur « méthode » avec les caractères spécifiques de la société russe et les besoins de la propagande et de l’action politiques.
Dans le mouvement d’émancipation des serfs, postérieur à la guerre de Crimée, et dans l’attitude du tsarisme envers ce problème autour des années 60, Marx a vu le commencement d’une révolution sociale en Russie2. Ce n’est que vers la fin des années 60, quand il entre en contact avec des écrivains et des révolutionnaires russes, que son attention, jusqu’alors absorbée par les visées et les conséquences de la diplomatie tsariste, se tourne vers les problèmes économiques et sociaux de la Russie, et plus particulièrement vers la question agraire et les perspectives d’une révolution paysanne dans ce pays. Stimulé par F. Danielson, économiste partisan du narodnitchestvo et traducteur du Capital, il se plonge dans l’étude des formes archaïques et asiatiques de la propriété et ses propres conclusions rejoindront celles des narodniki : certaines conditions étant acquises, le mir ou commune paysanne russe peut devenir le point de départ possible de la prochaine révolution sociale et socialiste en Russie, avant même que le capitalisme s’y implante3. Marx, qui avait l’intention de traiter cette question en détail dans les volumes suivants du Capital, apprit le russe et réunit une imposante documentation. Diverses circonstances que nous ne pouvons évoquer ici, l’empêchèrent de mener à bien ce projet mais nous disposons d’un certain nombre de textes, pour la plupart inédits du vivant de Marx, qui nous renseignent assez exactement sur ses idées et ses espoirs quant aux perspectives sociales de la Russie. En outre, quelques écrits d’Engels expriment sur ce sujet les vues communes des deux amis, si bien qu’on ne peut que s’étonner du silence dont les « marxistes » soviétiques (à commencer par Lénine) ont entouré les idées et les opinions de leurs maîtres. Nous verrons que ce n’est pas sans raison. En 1875, Engels fit, à la demande de Marx, une sévère réponse à l’écrivain révolutionnaire P. Tkatchev ; bolchevik avant la lettre, cet adepte jacobin des méthodes de lutte d’Auguste Blanqui lui avait reproché, dans une Lettre ouverte, d’ignorer les conditions sociales et les perspectives révolutionnaires de la Russie : ce pays était, selon Tkatchev, la terre élue du socialisme puisqu’il n’avait ni bourgeoisie ni prolétariat et qu’il offrait en revanche des institutions communautaires telles que l’artel et le mir4. Le triomphe du socialisme en Russie n’était donc qu’une question politique : renversement du tsarisme et conquête de l’État par une minorité révolutionnaire. Voici, très brièvement, la réponse d’Engels : il est certain qu’une révolution sociale se prépare en Russie mais cette révolution ne pourra pas prendre un caractère socialiste vu, précisément, l’absence, dans ce pays, d’un nombreux prolétariat urbain et d’une bourgeoisie capitaliste puissante, autrement dit d’un fort développement des forces productives, vocation essentielle de la bourgeoisie et du capitalisme5. Si la présence en Russie des formes communautaires du travail et de la propriété témoigne effectivement de la profonde aspiration du peuple russe à un mode de travail coopératif, elle ne prouve ni sa vocation messianique au socialisme ni son indépendance face aux mouvements occidentaux. Bien que menacé par l’introduction progressive du capitalisme en Russie, le mir peut se métamorphoser en un type social nouveau et devenir le fondement du socialisme russe mais à une condition, le triomphe préalable de la révolution prolétarienne en Europe occidentale. La chute du tsarisme, « dernier bastion de la réaction européenne », étant une des prémisses fondamentales de cette révolution, toutes les forces populaires doivent être mobilisées pour cette fin.
Extrait du texte La commune rurale et les perspectives révolutionnaires en russie (1877-1881) de Karl Marx
8 mars 1881
41, Maitland Park Road, London N. W.
Chère citoyenne,
Une maladie de nerfs qui m’attaque périodiquement depuis les derniers dix ans m’a empêché de répondre plus tôt à votre lettre du 16 février. Je regrette de ne pouvoir vous donner un exposé succinct et destiné à la publicité, de la question que vous m’avez fait l’honneur de me proposer. Il y a des mois que j’ai déjà promis un travail sur le même sujet au Comité de St. Pétersbourg. Cependant j’espère que quelques lignes suffiront de ne vous laisser aucun doute sur le malentendu à l’égard de ma soi-disant théorie.
En analysant la genèse de la production capitaliste, je dis :
« Au fond du système capitaliste, il y a donc la séparation radicale du producteur d’avec les moyens de production… la base de toute cette évolution, c’est l’expropriation des cultivateurs. Elle ne s’est encore accomplie d’une manière radicale qu’en Angleterre… Mais tous les autres pays de l’Europe occidentale parcourent le même mouvement » (Le Capital, édit. franc., p. 315)13.
La « fatalité historique » de ce mouvement est donc expressément restreinte aux pays de l’Europe occidentale. Le pourquoi de cette restriction est indiqué dans ce passage du ch. XXXII :
« La propriété privée, fondée sur le travail personnel… va être supplantée par la propriété privée capitaliste, fondée sur l’exploitation du travail d’autrui, sur le salariat »14 (l. c., p. 340).
Dans ce mouvement occidental, il s’agit donc de la transformation d’une forme de propriété privée en une autre forme de propriété privée. Chez les paysans russes, on aurait au contraire à transformer leur propriété commune en propriété privée.
L’analyse donnée dans Le Capital n’offre donc de raisons ni pour ni contre la vitalité de la commune rurale, mais l’étude spéciale que j’en ai faite, et dont j’ai cherché les matériaux dans les sources originales, m’a convaincu que cette commune est le point d’appui de la régénération sociale en Russie, mais, afin qu’elle puisse fonctionner comme tel, il faudrait d’abord éliminer les influences délétères qui l’assaillent de tous les côtés et ensuite lui assurer les conditions normales d’un développement spontané.
J’ai l’honneur, chère citoyenne, d’être votre tout dévoué
Karl Marx
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